Publié par SEO620173 le
Comme chaque année, nous fêtons la journée mondiale des sourds.
Un moment importante pour la communauté sourde et signante.
En effet, cette journée permet de sensibiliser tout le monde à cet handiacp invisible qui touche énormément de monde.
Mais savez-vous que la langue des signes n’a pas toujours été utilisée ?
Savez vous comment est née cette langue, car oui c’est une langue à part entière qui a sa propre grammaire et sa propre syntaxe ?
Un peu d’histoire pour vous rappelez l’histoire de la langue des signes et le combat mené par les personnes sourdes encore aujourd’hui.
L’Histoire de l’éducation des sourds en France commence au xviiie siècle. Vers 1720, un professeur sourd, Étienne De Fay, donne des cours aux enfants sourds dans la région d’Amiens en utilisant une méthode dite gestuelle, basée sur des signes. En parallèle, vers 1734, Jacob Rodrigue Pereire développe l’éducation oraliste pour les jeunes sourds dont il est le tuteur. Vers 1760, la rencontre entre Charles-Michel de L’Épée et deux sœurs sourdes mène au développement de la langue des signes française. Si au XIXe siècle, la méthode gestuelle est largement adoptée, après 1880, ce sont les méthodes oralistes qui sont imposées par le gouvernement. Cela change après 1976, qui marque la fin de l’interdiction de la langue des signes françaises dans l’éducation.
Charles Michel l’abbé de l’épée un précuseur de la langue des signes
Le 18ème siècle : l’abbé de l’Épée
L’abbé de l’Épée fut, en 1760, le premier entendant connu à s’intéresser aux modes de communication des sourds-muets».
En observant un couple de jumelles sourdes communiquer entre elles par gestes il découvre l’existence d’une langue des signes. Il décide de s’appuyer sur cette langue pour instruire les enfants sourds. Il l’adapte en y ajoutant des notions grammaticales propres au français (par exemple, la conjugaison). C’est ce qu’il appelle les « signes méthodistes».
Par ailleurs, il regroupe les enfants sourds pour les instruire et ouvre une véritable école pour sourds qui deviendra l’Institut national des jeunes sourds, aujourd’hui Institue Saint-Jacques, à Paris.
L’abbé de l’Epée est aujourd’hui une figure historique de l’histoire de la langue des signes et des Sourds. Sa figure est connue des Sourds dans le monde entier.
1880 : le congrès de Milan
Congrés de Milan
Dans la même période, le courant « oraliste » s’amplifie. Les « oralistes » pensent que les sourds doivent apprendre à parler pour s’intégrer dans la société. Le congrès de Milan en 1880 où l’immense majorité des participants est entendante et oraliste a décrété que la méthode orale pure doit être préférée.
Trois raisons sont invoquées :
la LSF n’est pas une vraie langue,
elle ne permet pas de parler de Dieu,
les signes empêchent les sourds de bien respirer ce qui favorise la tuberculose.
Cette préférence a eu des conséquences dramatiques pour les sourds : pendant 100 ans la langue des signes a été proscrite, méprisée et marginalisée aux seules associations de sourds. Dans les instituts de sourds, les élèves signent en cachette. La langue des signes s’est alors appauvrie.
Les années 80 : le réveil sourd
Durant les années 1980, se produit ce que les sourds appellent le Réveil Sourd.
La langue des signes commence à reconquérir ses lettres de noblesse avec William Stokoe, linguiste, qui étudie la langue des signes comme une véritable langue. Des chercheurs en linguistique et en sociologie tels que Christian Cuxac et Bernard Mottez poursuivent ce travail et mettent en avant la culture sourde qui y est rattachée.
Par ailleurs, un travail culturel est mené par Jean Gremion (écrivain, journaliste et metteur en scène) et Alfredo Corrado (un artiste sourd américain). Ils créent en 1976, l’International Visuel Theatre (IVT). Dès lors, ils travaillent à la requalification de la langue des signes.
Alfredo Corrado une des nombreuses personnalités sourdes qui a été au réveil sourd fin des années 70
En parallèle, une réflexion est menée sur l’enseignement auprès des élèves sourds. La philosophie bilingue (LSF / Français) commence à germer dans les esprits. En 1980 est crée l’association « 2 Langues pour une éducation ». Elle met en place des « stages d’été pour les parents». Ces stages rassemblent des parents d’enfants sourds, des sourds, des interprètes. Ils oeuvrent ensemble à la création des premières classes bilingues dans un contexte législatif et sociologique difficile.
Les années 2000 : la LSF, une langue à part entière
Progressivement les mentalités et les représentations évoluent.
Yves Delaporte, ethnologue, se penche lui aussi sur la communauté sourde et la LSF. Il publiera en 2007 un « Dictionnaire étymologique et historique de la langue des signes française. »
De son côté 2LPE organise tous les ans des Universités d’été sur le thème du bilinguisme où la LSF est la première langue.
Les combats menés depuis 25 ans pour la reconnaissance de la langue des signes commencent à porter leurs fruits : la Loi n°2005-102 du 11 février 2005 reconnaît la LSF comme « langue à part entière ».
En 2008, la LSF devient une option pour le Bac, comme n’importe quelle autre langue. En 2010, le CAPES de LSF est créé.
En 2012, c’est l’année du 300ème anniversaire de la naissance de l’Abbé de l’Epée. De multiples hommages lui ont été rendus par les Sourds. Cette même année, Emmanuelle Laborit (directrice de l’IVT depuis 2003) est devenue officier de l’Ordre des Arts et des Lettres.
Le premier espace réservé complétement à la langue des signes
IVT se situe à Paris
Aujourd’hui les sourds existent et le prouvent avec de nombreux moyens comme le chansigne lors de concerts (10 doigts en cavale), le théâtre avec IVT, la presse avec MEDIA PI mais aussi avec les interprétes lors des cérémonies officielles et lors des journaux télévisés.
Un intérêt grandissant aussi pour la langue des signes avec de nombreuses associations qui vous proposent des cours.